Detail du livre : DESTINS D'ENFANCE
Paru en 2016

DESTINS D'ENFANCE
HISTOIRE DE MAISONS D'ENFANTS AU CHAMBON-SUR-LIGNON ET AILLEURS

COLLECTIF (Préface : BORIS CYRULNIK)

128 pages - 200 illustrations - Format : 160X200 - 16.00 €

 
Couverture du livre : DESTINS D'ENFANCE

Rien ne prédestinait le Chambon-sur-Lignon, situé à 1000 mètres d'altitude aux confins de la Haute-Loire et de l'Ardèche, à devenir un lieu de villégiature et une station propice à la santé des enfants.     
Mais l’arrivée du train en 1902 modifie la physionomie du village. Ici, pas de châteaux pour des colonies, mais une dispersion de l'habitat et une architecture de villégiature qui se déploie avec l'arrivée des touristes.
La villa devient la résidence de la bourgeoisie stéphanoise et lyonnaise,et occasionnellement elle sert de maisons d'enfants.
Pendant la guerre, de nombreuses maisons sont ouvertes par des organismes de secours et des particuliers qui louent des villas ou font construire des habitations. Cet essor considérable correspond au besoin de protéger les enfants vulnérables ou en danger : Espagnols et juifs étrangers sortis des camps d'internement, enfants mal nourris, orphelins ou mis en pension par leurs parents.
En rassemblant des articles autour de lieux emblématiques d'accueil pendant la guerre, cet ouvrage propose un tour d'horizon et permet ainsi de mieux comprendre les spécificités de chaque lieu (Le Chambon-sur-Lignon, Dieulefit, Moissac, Izieux)et les objectifs communs qui ont été la raison d'être de ces maisons : accueillir,élever, éduquer et sauver des enfants.
Ses villages deviendront un havre d'humanité pour les plus vulnérables pendant ces années de guerre.
N°ISBN : 9782911584589
L'édition luxe n'est plus disponible

-EXTRAIT-
 
Comment fait-on pour devenir adulte quand on a été un enfant caché ?
L'ambivalence est au cœur de la réponse :
Si on ne cache pas cet enfant, il risque d'être tué pour des raisons insensées.
Il y a donc des personnes qui, en protégeant cet enfant réchauffent son attachement ?
Cette situation, explique que, presque aussitôt l'enfant apprend à se taire pour ne pas mourir ou mettre en danger les gens qui le protègent. Il découvre alors que son monde est clivé entre les agresseurs et les protecteurs.
Les conditions de la cache, la structure du trauma imprègnent dans la mémoire de l'enfant, une représentation de soi très particulière : « Je suis un enfant par qui le malheur arrive, mais on m'aime pourtant, malgré la malédiction.
Des liens affectifs se sont tissés entre la structure d'accueil et l'enfant caché qui a été tellement heureux que la fin de la guerre n'est pas la fin des problèmes. Parfois un parent survivant endeuillé, altéré par les angoisses de la persécution est venu chercher son enfant. Mais le lien déchiré avec les parents naturels, avait été recousu par les adultes protecteurs. Dans ce cas, retrouver sa famille fut une déchirure supplémentaire. On sait qu'un traumatisme flagrant (arrestation, agression) ou insidieux (se cacher et se taire pour ne pas mourir), laisse des traces et altère la représentation de soi.
Ces enfants ont acquis une sensibilité extrême à ce type d'agression, une vulnérabilité à  toute perte affective. Ils s'adaptent à cette blessure psychique en ayant peur de l'affection dont ils ont le plus grand besoin : « Je préfère ne pas me marier ne pas avoir d’enfant ne pas tenter de réaliser mes rêves, tant j'ai peur de souffrir en cas de perte ou d'échec ».
Ils se tiennent à distance, ils s'auto-sabotent et parfois même se laissent punir, tant ils craignent la souffrance d'un espoir déçu...      
Extrait préface, Boris Cyrulnik.

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